Ouarf! Miaouuuuuuuuuuuuuu!
Eh oui, nous sommes trois dans la petite maison de mon papa Christophe.
Je me présente en premier, parce que je suis le plus grand en taille, le plus grand en âge, et le plus grand en ancienneté dans la famille. Tout noir, un peu frisé, je m'appelle Maxou et j'ai maintenant 13 ans.
C'est au refuge de Cabriès, pas loin de Plan-de-Campagne, à proximité de Marseille, que mon papa est venu me chercher. Je suis un chien, croisé de caniche et de bichon. Je vous parlerai des deux choses à poils plus tard (oui, les chats, calmez-vous, je ne vous oublie pas.
)
Je ne comprenais pas ce que je faisais derrière ces barreaux, avec ma soeur et ma maman. C'est vrai, quoi: j'avais 6 mois, une soeur de mon âge, une maman, une maison et des... maîtres. Enfin, "maîtres" est un bien grand mot. Un maître, ça aime, ça caline, ça prend soin de nous, normalement. Mais eux, un sale petit matin pluvieux de Juin, ils nous ont attaché avec soeurette et maman au portail du refuge. Et bien lâchement, ils sont partis, sans se retourner, sans une caresse.
Il y avait quelques semaines que je me morfondais dans ma cage, et je l'ai vite repéré, le monsieur tout chauve qui s'est accroupi pour me caresser à travers les barreaux. J'ai fait le beau, j'ai dégainé mon regard de Caliméro, et hop, je l'ai mis dans ma poche, le Christophe.
J'ai du cohabiter à Paris avec une autre adoptée, plus âgée que moi. Ca s'appelait une chatte, c'était tout le temps en train de me remettre en place quand je faisais des bêtises, mais ça m'aimait bien, je crois. Oui, bon, on ne dit pas "ça" en parlant des chats. Mais j'aime bien les taquiner, les chats.
Elle s'appelait Breakfast, avait été sauvée de l'euthanasie après sa naissance par mon papa et c'était un vrai pot de colle. Pour vous dire à quel point je l'aimais bien, je la laissais manger dans ma gamelle et je l'acceptais quand elle voulait dormir blottie contre moi. Vous voyez, la rivalité chiens/chats, c'est une légende.
Christophe a été très malheureux quand la petite Breakfast a rejoint le paradis des chats. 18 ans de vie commune, ça laisse des souvenirs. Moi aussi, j'ai été triste. Je dormais dans le panier de Breakfast en espérant qu'elle revienne, et je montrais les dents si on essayait de me retirer ce panier bien trop petit pour moi. Ca me manquait, de la réveiller en sursaut en lui aboyant dessus pour jouer. Ca me manquait de lui piquer ses jouets et de voir son air furieux quand je les planquais sous les coussins. Je l'aimais vraiment, ma copine Breakfast. Même si c'était une chatte.
Et puis, quand mon papa a acheté sa maison, il s'est retrouvé avec deux locataires non mentionnés sur l'acte de propriété. Deux chats, une fille et un garçon: Grisou et Grisette.
Grisette est arrivée la première. Elle était curieuse, avec sa queue coupée et sa démarche de reine. On aurait dit une princesse entrant dans son palais, quand elle venait visiter la cour puis l'intérieur de la maison. Elle n'avait même pas peur de moi. Très vite, elle s'est installée, car mon papa n'a pas eu le coeur de la laisser à la rue. C'est bête, les hommes: ça écoute son coeur...
Et puis, après que Grisette et moi ayons fait connaissance, après qu'on se soit apprivoisés mutuellement, le Grisou est arrivé. C'est un cas, celui-là.
Mon papa l'a récupéré sur la grande avenue près de la maison, terrifié et tétanisé entre deux voitures, miaulant si fort qu'on aurait cru qu'il avait une viole à la place des cordes vocales. Il était blessé, tout maigre, tout craintif, et mon papa s'était dit qu'il le confierait à la S.P.A. Tu parles...
Le Grisou s'est vite rétabli, après que mon papa l'ait fait soigner par le vétérinaire. Et quand l'homme de médecine vétérinaire lui a demandé "Vous voulez qu'on le place à la S.P.A", devinez ce qu'a fait mon papa?
C'est comme ça qu'on s'est retrouvés avec un deuxième chat à la maison. Envolées, les belles résolutions de mon papounet pour ce qui était de laisser grisou à la S.P.A...
Alors voilà, les chats. Vous êtes contents? J'ai parlé de vous, hein?
Ne râlez pas, je vous aime bien. La preuve, là je vais vous rejoindre sur notre canapé pour la sieste avant le repas du soir. C'est un canapé exprès pour nous, que Papounet nous a déniché afin qu'on ait notre petit confort. C'est que je me fais vieux, maintenant, moi. Vous, les deux chats, vous êtes jeunes. Mais vous me permettez de ne pas sentir le poids de mes 13 ans, avec vos facéties.
Notre papa m'a fait beaucoup voyager. Il m'emmenait partout avec lui en vacances, et s'il ne pouvait pas, il me confiait à une gentille nounou pour chiens qui était aussi aimante que lui avec moi. Ma petite copine Breakfast était toujours confiée aux soins d'une voisine, qui la gardait chez elle et la câlinait à longueur de journées. Maintenant, on part un peu moins parce que les voyages me perturbent parfois, mais notre papa s'en accommode. Même vieux, il m'aime, car je suis son compagnon de route.
Alors, ne vous inquiétez pas, Grisou et Grisette: jamais vous ne serez mis à la rue. Même vieux, même malades, nous serons toujours ses petits princes à 4 pattes, comme il nous appelle.
Elle n'est pas belle, la vie, quand les humains nous voient comme des êtres vivants à part entière, et non pas comme des jouets qu'on jette dès qu'on s'en lasse?
Allez, les chats. Vous me faites une place sur le canapé? C'est qu'on a des forces à reprendre avant que notre papa vienne nous demander sa ration de câlins...