Bonjour,
C'est un faux problème, une fausse question, parce que chacun sait que le 80% des caravaniers ne sont pas itinérants, pas voyageurs:
- Ils font déplacer leur caravane par l'entreprise de gardiennage sur la parcelle louée pour l'été, avec frigo 500 litres en prime, et font reprendre le tout à la fin des vacances pour l'oublier. Ils ne connaissent pas le crochet d'attelage et ses subtilités, n'ont jamais eu de lumbago.
- Ils font un aller-retour sur la parcelle louée pour les vacances, donc ils possèdent un véhicule tracteur qui est à 99% la voiture familiale utilisée toute l'année. Eux connaissent le lumbago, ce sont donc déjà des frères.
- Et ils sont nombreux aussi, et certainement la majorité, à avoir posé une caravane pourrie ou non, sur une parcelle personnelle achetée en bord de mer ou dans un camping pour laquelle ils louent le droit de poser à l'année.
Ces caravaniers-là ne parleront pas CC, n'ont pas d'autre alternative intelligente à leur besoin d'évasion. Ils ont chioisi la meilleure formule pour eux.
Les considérons-nous comme des caravaniers ?
Il reste alors le caravanier-voyageur, opposé au CCriste.
Et là, c'est le pot au noir, parce que nous savons tous à quel point il faudrait avoir les deux moyens, pendant le même voyage, pour garder la liberté de la voiture parfois, la mobilité du camping-car trois cent kilomètres plus loin, pour retrouver les avantages de la caravane cinq cent kilomètres plus loin.
C'est la quadrature du cercle.
Nous avons choisi, nous, définitivement la caravane:
- parce que la voiture familiale nous est nécessaire le reste de l'année,
- parce qu'elle permet de tirer une caravane,
- qu'elle permet d'avoir de la mobilité à l'étape,
- qu'elle peut être en panne et au garage en vacances et en attente de pièces, avec voiture en prêt, sans que le séjour caravanier en soit altéré.
- parce que nous avons trop vu de CCristes jetés hors des villes, alignés en rang de sardines pour se battre à être le plus près possible de la décharge des WC avec odeur en prime,
- parce que le monde des CCristes n'est pas un monde de campeurs, mais souvent de gens venus au camping tardivement, sans la culture camping (attention, exceptions, comme toujours).
- que les caravaniers ont souvent moins de moyens que les CCristes, et pas de générateur à bord pour empêcher les autres d'avoir la paix. (quoi qu'on voit quand même de plus en plus de caravaniers exclusivement télévores qui font gueuler les présentateurs télé longuement dans la nuit).
- que la caravane nous permet de poser nos pénates dans un coin de pays, comme un domicile temporaire, mais un domicile duquel on peut sans autre aller voir ailleurs, plus loin, dormir deux ou trois nuits à l'hôtel, et y revenir comme on revient chez soi, pour déplacer ce chez soi de 500km dans les jours suivants.
Bref, le choix de la mobilité et de la mobilité intellectuelle, physique.
Mais nous savons aussi que nous payons plus cher les passages sur bacs, les autoroutes, que nous voyageons moins vite, et ............... c'est tout, il me semble.
Mais c'est notre choix, la lenteur nous sied, parce qu'elle est créative, et que les autoroutes sont des trucs à passer son chemin sans voyager vraiment. Bon pour les voyageurs de commerce, et encore.
Il est clair que si nous choisissions de faire le tour du monde, de vouloir vraiment aller contrôler au cap nord que le paysage correspond aux photos du prospectus, que nous ayons besoin de visiter Marakech pour faire comme tout le monde, que nous ayons le goût d'aller nous frotter aux indiens qui restent sur cette planète, nous choisirions d'avoir trente ans de moins, beaucoup de temps, pas d'enfants, et un gros sac de touriste au dos en guise de CC.
Ou un bus VW avec tente dessus et mitrailleuse pour se protéger des lions.
Mais nous comprenons quand même les gens qui achètent les yacht terrestres, comme ceux qui achètent les yacht marins, les Rolls, les trucs bling-bling. Ils ne sont pas construits comme nous, et ils font déjà partie du dépaysement quand on voyage. Parce qu'on le veuille ou non, voir arriver un monstre dans un camping, c'est aussi spectaculaire, ludique pour le chaland, qu'indécent.
Et puis, il y a le CCriste touchant, séduisant, attachant, et éminemment sympathique, c'est celui qui a acheté ça parce qu'il veut voir du pays, qu'il a fait une vie de travail et qu'il veut enfin profiter d'aller voir ce qu'il n'a pas encore vu, et qui ne veut pas se compliquer la vie avec une remorque (faut avouer que c'est compliqué, la caravane, même si on aime ça, même si nous avons tous aimé dételer et faire demi tour dans les impasses que nous avons tous empruntées un jour ou l'autre).
Celui-là a fait le bon choix, il voyage, il se repose, il accepte les limites de l'engin, il cherche ses points de chute avec le bottin des camping-caristes, il promène deux vélos parce qu'on lui a vendu deux vélos, mais il ne fait pas nécessairement du vélo. Il va visiter la ville proche avec les moyens publics qu'on met à sa disposition, il n'a pas notre mobilité à l'étape, mais elle nous sert à quoi, cette mobilité, si c'est pour aller au supermarché?
Il n'est pas moins créatif que nous, moins jouisseur que nous, mois cultivé que nous, et il est évident que son regard sur les choses est un peu différent, parce qu'il est filtré à travers une autre aventure.
Et si le bidule est en panne, il attend patiemment sur le parking du garage que la pièce arrive, en économisant en plus la taxe camping. Si ça se trouve, il se fera des amis sur place et mangera tous les jours chez le garagiste en hébergeant en contrepartie les enfants de ce dernier à bord une ou deux nuits, pour leur donner définitivement le goût du camping-car.
C’est lui aussi qu’on voit quitter sa plaine sous brouillard pour aller à vingt kilomètres de là, au soleil, trois cents mètres plus haut, passer sa journée du dimanche à lire, tricoter, aérer les enfants, peindre, pour revenir chez lui le soir. Et ceci toute l’année.
Le bidule idéal serait un bus camping tirant une caravane, qui permet la mobilité qu’on a avec la voiture quand on a posé la caravane. Et bien sûr avec lequel on irait travailler au centre ville tout le reste de l’année.
Ouais, c'est une mauvaise question, qu'on pose, là.
Nous, quand on nous demande pourquoi nous n’avons pas de CC, nous disons systématiquement que nous en rêvons, que ce ne sera jamais dans nos moyens, parce que c’est une question qui vient en principe de quelqu’un qui ne pourrait pas comprendre la réponse qu’on donnerait.
